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Jeux et jouets d'occasion : les 7 raisons qui découragent les parents

Maurane Nait Mazi
16 novembre 2023
16 novembre 2023
7 min

Malgré une conscience écologique croissante et une volonté apparente de changer les habitudes de consommation, de nombreux parents se trouvent confrontés aux réalités du réemploi, parfois pour la première fois cette année. Offrir des jouets d'occasion, qui plus est "utiles" en respectant la liste du Père Noël, plus facile à dire qu'à faire ? Nous avons interrogé ces familles qui naviguent à vue à l'approche des fêtes.


Offrir des jeux et des jouets en seconde main à Noël, ce n'est pas facile. Ils témoignent

Fati, mère de quatre filles dans les Yvelines, confrontée à des contraintes économiques, aspire à conjuguer la magie de Noël avec dépenses maîtrisées.

« Vous n'êtes pas seuls à souhaiter que le Père Noël offre des jeux et jouets d'occasion à Noël et à rencontrer bien des galères » nous confie-t-elle.

Séverine, entrepreneuse spécialisée dans le matériel de puériculture reconditionné et mère de deux enfants, a déjà de l'expérience. Cette année, déterminée à acheter principalement d'occasion comme à son habitude, elle se heurte à un problème.

« Je m’interroge sur la manière de respecter la liste de souhaits de mes enfants de 3 et 6 ans, car il est presque impossible de trouver les jouets choisis. » — Séverine

Si le réemploi présente des vertus économiques et écologiques (par exemple, privilégier le jouet d'occasion réduit en moyenne les émissions de CO2e de 5 kg), acheter en seconde main peut s'avérer être un véritable défi que l'on soit chevronné ou débutant. Alors, quels obstacles freinent les familles dans la mise en pratique ? Enquête.

1. La qualité des jouets de seconde main

L'achat de jouets de seconde main soulève la question de la qualité. Les jouets ne sont pas toujours solides, un problème que Marc, un père célibataire fréquentant régulièrement les ressourceries, connaît bien. Malgré son désir d'économiser tout en offrant des jouets durables à son fils, il se heurte à un paradoxe selon lui : la durabilité des jouets d'occasion. Marc exprime une inquiétude, partagée par les parents souhaitant concilier économie et écologie :

« J'ai peur que les jouets se cassent vite, ce qui irait à l'encontre de ma volonté d'acheter d'occasion pour des raisons de durabilité. » — Marc

Cette problématique est également soulevée par Séverine, qui a remarqué que les figurines de super-héros se détériorent rapidement. "Fichus Bakugan" nous dit-t-elle. Cela soulève la question de la qualité des produits sur un second marché. « Faut-il acheter des jouets d'occasion qui risquent de se casser rapidement ? », s'interroge Marc.

2. La nouveauté et l'effet de mode dans le jouet

Certains parents sont en quête des jouets à la mode. Les enfants sont souvent attirés par les dernières nouveautés et les jouets à la mode, nous précise Caroline, « notamment ceux liés aux films et séries du moment. »  

Le problème ? Cette institutrice alsacienne de deux enfants de 6 et 8 ans nous l'explique avec clarté.

« Ces jouets sont rarement arrivés sur le second marché au moment où ils sont plébiscités par les enfants. » — Caroline

Les professionnels du jouet d'occasion considèrent que les jouets deviennent moins rares à compter de 2 à 3 ans environ après leur commercialisation. Ce qui conduit les parents à acheter les jouets neufs ("d'occasion, c'est peine perdue") ou les éloigner des tendances, jusqu'à briser la magie plus tôt que prévu. Un père nous révèle avoir été catégorique "à cause de la seconde main".

« Acheter en seconde main est un véritable parcours du combattant pour les jouets à la mode. C'est pour cette raison que mon épouse et moi avons choisi de délaisser le mythe du Père Noël. Cela simplifie grandement nos négociations avec les enfants, ils vont chiner avec nous leurs jouets. » —  Alexis

Séverine évoque les difficultés de trouver des jouets spécifiques comme les Lego Harry Potter ou la voiture Pat Patrouille du second film, qui diffère de celle du premier. "Il faut la super Pat' Patrouille" déclare Alexis. Séverine poursuit sur Harry Potter : « Mon fils n'a jamais vu un film ou lu un livre Harry Potter, mais le marketing fonctionne tellement bien que, dès la maternelle, les enfants en parlent et réclament les jouets. »

3. Les jeux à usage unique comme les loisirs créatifs


Les loisirs créatifs, tels que les kits pour créer des cristaux, représentent un autre défi en matière de réemploi. Une fois utilisés, ces jeux ne peuvent être vendus à nouveau. Séverine souligne cette problématique : « C'est l'abondance de ces jouets créatifs, utilisables une seule fois. Dès que la boîte est ouverte et le jeu à moitié terminé, il finit à la poubelle. " Tout comme, Malika, communicante à son compte de deux enfants jumeaux en CP en Creuse, qui clame son désarroi face à cette situation.

« On finit par acheter ces jeux neufs et les jeter, ce qui est vraiment décourageant. »  — Malika

La demande en loisirs créatifs reflète la difficulté rencontrée par des parents qui cherchent des options de jouets plus durables et respectueux de l'environnement.

4. Les jouets introuvables en seconde main

Au delà des jouets à la mode, il est difficile de trouver certaines catégories de jeux et jouets, comme des jouets vintage ou certains objets électroniques éducatifs.

Cette difficulté décourage bon nombre de parents, comme Loïc et Damien, qui cherchent à satisfaire le souhait de leur fils sans sacrifier leurs principes de la seconde main sous le sapin.

« Les boîtes à histoires reconditionnés sont particulièrement ardues à dénicher. » — Marc

Par exemple, Ma Fabrique à histoires fabriquée en France par Lunii est très prisée. "Bien que le service après-vente soit de qualité, nous avons besoin d'une garantie en tant que seconds utilisateurs." explique Céline qui en cherche deux reconditionnés pour ces enfants. Sur Vinted, elle ne s'y risquera pas précise-t-elle. "Ça sera donc en neuf si je ne trouve trois semaines avant Noël" ajoute-t-elle.

5. L'occasion pour les jouets, plus chère qu'elle n'y paraît

L'achat de jouets d'occasion, loin d'être toujours économique, peut s'avérer coûteux. La creusoise Malika, constate que les frais liés à la recherche, au transport, et parfois à la réparation, rendent les économies espérées parfois illusoires.

« Je me suis fait la remarque qu'acheter un jouet de construction coûtait plus cher d’occasion que sur Amazon. » relève Séverine

Fati, qui privilégie les achats d'occasion à petit prix sur des plateformes comme Vinted, fait face à des défis similaires. « Acheter en lots pour Noël sur Vinted ? C'est compliqué pour moi, donc je finis par acheter les jouets un par un" partage-t-elle. Les frais de transaction cumulés aux frais de transport peuvent parfois représenter un tiers de son budget, l'amenant souvent à renoncer à ses achats. Récemment, Fati a découvert le destockage et fréquente maintenant Noz, une enseigne spécialisée dans le destockage de surstocks, fins de série et articles de sinistres, avec plus de 300 magasins en France.

6. La recherche du jouet d'occasion qui aggrave la charge mentale

De très longues recherches

La quête de la perle rare prend du temps, et souvent, il n'y a pas qu'un seul objet convoité. Les recherches du jouet idéal commencent généralement avec la rentrée scolaire. Séverine, par exemple, a apprécié cette recherche lorsqu'il s'agissait de trouver des jouets pour ses jeunes enfants, mais trouve la tâche nettement plus difficile à mesure qu'ils grandissent. Après un mois de recherche infructueuse, elle nous précise se tourner vers l'achat de jeux et jouets neufs.

La charge mentale Vinted

L'application entre particuliers Vinted "c'est des échanges en plus de penser à tout, tout le temps et pour tout le monde" précise Fati.

« Les alertes Vinted ont eu raison de moi » témoigne spontanément Maëlle pour illustrer la frustration que représente cette tâche pour elle.

L'effort requis pour trouver, négocier, et récupérer des jouets individuels est considérable. Lorsqu'ils sont en bons état.

« Les grands-parents ont acheté sur Vinted, des jouets en plus de ceux sur la liste et n'ont pas été vigilants, les jouets étaient en mauvais état, j'ai du tout réparer et nettoyer. " précise Malika.


La corvée de l'achat à la pièce en seconde main



La logistique de l'achat de seconde main est un poids. Pour les femmes en particulier, les aller-retours au point relais pour récupérer les colis représente une charge, "une corvée, c'est hors de question que l'on se l'inflige" précise avec fermeté Alexis qui n'achète pas en ligne.

« C'est un travail sans fin, surtout avec tous les cadeaux, il y a aussi les cousins et cousines. » rapporte Maëlle qui souhaite quitter l'application après Noël.

Débusquer la vraie de la fausse seconde main sur les plateformes

Les plateformes de revente notamment professionnelles proposent des produits déstockés. Pour Séverine, c'est "une aberration", elle qui chine principalement en boutique solidaire et vide-grenier.

Il faut être vigilant sur les plateformes en ligne, où les articles ne sont pas toujours réellement d'occasion, explique également un parent.

« Je vérifie si je peux sélectionner plus qu'un article. Si je peux en prendre trois, c'est suspect. » — Maryline pour qui c'est le premier Noël de seconde main.

Ne pas tomber dans le piège des fausses bonnes affaires de la seconde main, une tâche supplémentaire donc.

7. Le manque d'implication des proches et l'absence de compréhension pour la démarche seconde main

L'acceptabilité sociale est soulevée comme problématique par les parents concernés. Le manque d'implication des proches et leur incompréhension face au réemploi créent des défis sociaux pour ceux qui choisissent une approche durable pour Noël.

21% des Français se déclarent "pas du tout" prêts à privilégier les cadeaux d'occasion ou reconditionnés pour des raisons environnementales. Les parents le ressentent : "je me justifie" relève Maëlle, "j'ai honte" précise Fati, "et moi tu m'obliges à faire les brocantes ?" rapportent les proches de Loïc au moment du partage des listes.

Caroline, confrontée aux railleries de son entourage, partage son expérience :

« Mes collègues me taquinent, prétendant que je prive mes enfants d'un véritable Noël. Évidemment que je le prends mal. » — Caroline

Elle exprime également la pression de "ne pas trouver" ou "de ne pas savoir trouver" les bons jouets, ainsi que la crainte de "priver ses proches de normalité". « On nage à contre-courant avec un budget limité, je ne peux offrir à mes enfants ce qu'ils souhaitent qu'avec l'occasion » confie-t-elle, Malika soulignant les arbitrages financiers et émotionnels auxquels elle fait face.

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