Le réemploi, la seconde main et l'upcycling défilent au Palais Galliera

Coulisses du défilé des Autres Modes le 8/10/2023 au Palais Galliera à Paris. Modèle Raphael Mbeleck — Crédits photo Adrien Penepenic © / SDAM

Défilé mode de réemploi. Le Musée de la Mode de la Ville de Paris accueillait le 8 octobre au soir, un défilé inédit mettant en lumière une mode éthique : pièces de réemploi, casting inclusif et scénographie minimaliste. Zoom sur les néo-silhouettes et les créateurs d'une mode engagée.

‍

Défiler sur les thèmes de l'inclusion, du lien, et de la réparation
‍

La cour du Palais Galliera, le musée de la mode de Paris, a servi de toile de fond à un événement marquant de la Semaine des Autres Modes : le Défilé des Autres Modes organisé par UAMEP. Le collectif qui met en lumière une "vision alternative", éthique de la mode, celle qui répare. Le défilé dans ce cadre majestueux a cherché à illustrer des dimensions d'inclusion, de lien et de réparation, tout en restant à taille humaine, et s'inscrivant dans l'élégance.
‍

La co-direction artistique était assurée par le duo Léa Le Fouest (stylisme) et Paul Cadre (direction casting).
‍

‍

Le fil conducteur du défilé ? Les JO et le mouvement. A 274 jours des Jeux Olympiques de Paris 2024, les pièces du défilés sont "à coloration sportive" nous précise la styliste Léa Le Fouest, le reflet "des valeurs de l'olympisme", "du faire du beau", pour "faire corps ensemble".

Inspiré par le concept d'humanitude d'Albert Jacquard, le défilé a cherché à illustrer des dimensions d'inclusion, de lien et de réparation, tout en restant ancré dans un cadre majestueux, à taille humaine et élégant.
‍

Adopter les codes des plus grands défilés et en découdre avec eux
‍

Ce défilé a tout d'un grand et se distingue pourtant par son casting, ses néo-silouhettes, créateurs et pièces majoritairement issues de réemploi, upcyclés et solidaires.
‍

Mannequins : un casting inclusif, engagé et bénévole
‍

Ce sont des modèles volontaires (professionnels, leaders d'opinion, étudiants de l'école de mode Lisaa) qui ont déambulé devant le public.

« Le casting était ouvert à tous les profils. On a eu la chance d'avoir des candidatures de modèles professionnels. Quelle chance pour nous d'avoir ce mix. »  —  Léa Le Fouest

‍
En guest, Caroline Ida Ours, connu sous le pseudo fiftyyearsofawoman. La célèbre mannequin silver qui prône le pro-page, les cheveux non colorés, la métamorphose sereine du corps des femmes après 50 ans et l'expression des femmes dans les médias défilait en Marcia de Carvalho.
‍

‍

Aperçu en vert, le mannequin Alexis Rallo de l'agence City models à qui nous avons demandé pourquoi il était important d'être là aujourd'hui. Sa réponse : l'engagement.

« La mode doit évoluer, je fais mes looks du quotidien en friperie. Il est important pour moi d'être là pour montrer aussi la seconde main. »  — Alexis Rallo

‍

Le défilé aux 21 créateurs et aux néo-silhouettes : la fin d'un total look pour jouer collectif

‍

Chaque look du défilé est composé de pièces réalisées par différents créateurs, contrairement au "total look" habituel. Cette démarche est expliquée et défendue par la styliste Léa Le Fouest. Ce n'est pas le défilé d'un créateur mais un défilé de créateurs, nuance importante qu'explique la professionnelle.

« Mon but est que les gens se projettent dans leur dressing car je suis aussi styliste à domicile, je valorise les vêtements de tous les créateurs. »

L'objectif est donc de proposer des looks que l'on peut se constituer en mêlant comme au défilé pièces étudiantes, pièces de haute couture et des marques de mode. Pour rendre la mode plus accessible.

« Par cette sélection des créateurs de tout horizon, c'est l'esprit collectif. Les pièces ne se seraient peut-être pas rencontrées, et le temps d'un look, d'un défilé sont au service les unes des autres pour créer des silhouettes. » — Léa Le Fouest

Est-ce le nouveau modèle d'une mode plus réaliste ? 

« C'est de la "chinerie" aussi, avec Paul Cadre nous sommes allés chiner des lunettes et des casquettes en friperie par exemple. »

La styliste précise "ne rien inventer" et partage le souhait de défilés multi-marques car selon elle "on fait la mode pour toucher les consommateurs. "

« J'ai pensé le défilé pour renvoyer vers les professionnels d'une mode engagée. »

Un total de 31 looks ont été présentés par une vingtaine de créateurs. Un look par mannequin et des néo-silhouettes, la part belle à l'upcycling et à l'économie sociale et solidaire aussi.

‍

Focus sur l'upcycling solidaire : valoriser l'économie sociale et solidaire au Musée de la mode de Paris
‍

Rare pour être souligné, l’économie sociale et solidaire et ses créations étaient reines au Palais Galliera. Les ReCréateurs, atelier d'upcycling d'Emmaüs Défi, et R/upcycling ont par exemple collaboré au défilé.
‍
Les ReCréateurs ont assuré une part du stylisme à part entière en proposant le seul total look. Quant à R/upcycling, la marque du Relais Val de Seine a pu présenter un trench bleu ciel revalorisé élégant avec ses empiècements en jean. Vendu à l'issue du show à une journaliste mode ayant mis une option sur la pièce.
‍

‍

Pour clôturer l’événement, Florentin Letissier, adjoint à la maire de Paris en charge de l'économie sociale et solidaire, de l'économie circulaire et de la stratégie zéro déchet, a exprimé son souhait de "faire de Paris la capitale de la mode engagée, durable et solidaire", renouvelant ainsi le soutien de la ville de Paris à cette initiative.

Une mode résolument éthique.
‍