Le marché du vintage, porté par la mode circulaire, gagne en visibilité dans les médias. Avec sa série Vintage Hotspot, Vogue France explore les lieux phares du vintage haut de gamme. Dans le dernier épisode, Jeanne Damas, fondatrice de Rouje, présente trois adresses parisiennes. CM-CM.fr s’intéresse à ces boutiques et aux entrepreneurs qui en font le succès.
1. Carole Bigielman et "La Mode Vintage"
Située rue Rochebrune dans le 11e arrondissement de Paris, La Mode Vintage est la première étape du parcours. Jeanne Damas raconte, "J'ai commencé à venir ici il y a dix ans. Carole, elle a vraiment ce goût du vintage, des matières, des époques. J’ai l'impression qu'elle chine aussi un peu pour elle. Il y a toujours de l'émotion".
Le travail de Carole Bigielman dans le choix de ses pièces en fait une référence pour les designers et réalisateurs en quête d’inspiration et d’authenticité. Parmi les articles proposés dans l’épisode: Saint Laurent, Gaultier ou encore Chanel. La spécialiste, active dans le secteur depuis plus de trente ans n’ouvre pas sa boutique la semaine pour consacrer la plus grande partie de son temps à la recherche, la restauration et le nettoyage des vêtements qu’elle sélectionne. Une singularité que souligne Jeanne Damas: "Oui, tu n’ouvres que le week-end. Parce que toute la semaine, elle cherche, elle chine, elle restaure, elle répare, elle nettoie".
2. Olivier Châtenet: le patrimoine Saint Laurent
Rue de Metz, dans le 5e arrondissement, Olivier Châtenet, collectionneur et expert, est un incollable Saint Laurent. "Pour mes 30 ans, j'ai fait un thème Saint Laurent années 70, Marrakech. Je cherchais un corset espagnol Saint Laurent, noir, avec un liseré doré. J'ai compris que c'était assez compliqué à trouver. Et en faisant des petites recherches, j'ai découvert Olivier", se souvient Jeanne Damas.
Chaque pièce de sa collection privée – l'une des plus grandes au monde avec 4 000 pièces – est documentée: étiquette, saison, source d'inspiration. Olivier Châtenet revend également des pièces directement aux maisons de couture: "À partir des archives que j'ai réunies, l'idée était de les rendre aux maisons et à leurs services du patrimoine." Il affirme, "si j'ai eu une bonne idée, c'est celle-ci".
Le chasseur de vintage partage son temps entre la recherche, la vente et la consultation. Dans le reportage, il met en avant le caractère intemporel du vintage: "Quand on en a marre, on le range, puis on le ressort." L'expert du couturier français évoque également son intérêt croissant pour les débuts du prêt-à-porter italien, notamment Versace et Gianfranco Ferré.
Le vintage inverse les règles du marché
Olivier Châtenet aborde aussi l’aspect économique du marché. Contrairement au prêt-à-porter, qui perd rapidement de sa valeur, le prix du vintage augmente sur le marché de la seconde main: "À la fin de la saison, un vêtement dans une boutique, il vaut 50 % de moins. En fait, le vintage, celui qu'on vend, l'année d'après, il vaut 50 % de plus", explique-t-il. Déjà en 2017, dans un entretien pour France Info, l’entrepreneur parlait d'une explosion du prix du vintage : "en 10 ans, les prix ont été multipliés par 10".
3. Sophia Elizabeth et "Spaghetti Archives"
Dernière étape, place des Vosges, dans le 4e arrondissement, chez Spaghetti Archives, un studio fondé en 2021 par Sophia Elizabeth. Ancienne adepte de l’upcycling, Sophia a commencé sa carrière en transformant des vêtements masculins en pièces féminines. Au fil du temps, elle a évolué vers des collections (des "drops") et la vente de vêtements vintage.
Avec son showroom sur rendez-vous, Sophia Elizabeth répond à la demande croissante d’une clientèle exigeante qui recherche du sur-mesure dans le vintage. Parmi les pièces présentées pour Jeanne Damas, une robe Dolce & Gabbana peinte à la main ou une réédition Alaïa des années 1980. La curatrice explique sourcer à l’international: "Quand je vais en Italie, j'achète beaucoup de marques italiennes, comme du Dolce, du Cavalli. Au Japon, je vais acheter des marques japonaises". En France, elle exploite le bouche-à-oreille. "Tu as des femmes qui me contactent pour vendre leurs vestiaires. Elles ont entre 45 et 60 ans. Elles ont mon numéro entre elles", explique-t-elle.
Dans les épisodes précédents de Vintage Hotspot, Gaia Repossi, créatrice de bijoux italienne, se rend pour Vogue Francechez Moji Farhat Vintage et Pretty Box à Paris. Camille Charrière, mannequin, passe par Portobello Road à Londres et visite One Of a Kind Archive, Karen Vintage, Rellik et Westay au Portobello Road Market.
Voir la vidéo Vintage Hotspot, "Jeanne Damas in Paris"