Décideurs, chefs d’entreprises, élus locaux ou encore agents territoriaux qui planchent sur les appels d’offre des collectivités territoriales… Ils sont nombreux en France à ne toujours pas avoir dans leur spectre de solutions, les acteurs de l’économie circulaire.
Fin 2024, au Congrès des Maires, le maire Horizon de Saint-Hélène en Gironde, Lionel Montillaud, fait parti de ces élus de moyennes communes qui connaissent mal le sujet. Un problème dû au manque de communication et à une inégalité d’accès à ce type d’informations d’un territoire à l’autre, lui répond la députée Anne-Cécile Violland, rapporteur de la loi anti fast-fashion, interrogée par CM-CM.fr sur le sujet en parallèle du Congrès.
L’économie circulaire et la seconde main, ne sont toujours pas encore assez "lisibles", fait-elle remonter de ses propres discussions avec les élus.
L’acheteur public, encore trop peu formé à la seconde main
Présent sur le Salon et le Congrès des maires de France en novembre dernier, CM-CM.fr est allé à la rencontre des élus qui œuvrent dans les collectivités pour propulser la seconde main et le réemploi. À cette occasion, l’édile girondin a ainsi confié à CM-CM.fr qu’il n’avait "pas encore le réflexe du réemploi".
La faute selon lui, au manque de formation et de culture faites auprès des élus, hors des grandes métropoles. Pourtant, sa femme donne aux associations et lui-même connaît bien Vinted, concèdait-t-il…
"Mais c’est vrai qu’à l’échelle de la municipalité, on est encore dans la culture du neuf. Ce n’est pas encore ancré dans nos habitudes de se fournir en seconde main en tant qu’acheteur public (…) Pour être franc, on ne sait même pas ce qu’il y a comme offre sur le marché dans notre région", constatait-t-il auprès de nous.
Une résultante loin d’étonner la députée de la même famille, Anne-Cécile Violland. Cette parlementaire devenue Madame loi anti-fast fashion en 2024 après avoir été rapporteur du texte concède en effet auprès de CM-CM.fr qu’un gros travail de communication reste encore à faire.
"Être meilleur en communication sur l’économie circulaire"
Lors d’une conférence du 21 novembre coïncidant avec le dernier jour du Congrès des maires et initiée par la Fédération de la Mode Circulaire (en collaboration avec Vestiaire Collective) la députée Horizon a répondu à notre question sur ce sujet.
Faire infuser les initiatives de la seconde main et de l’économie circulaire jusqu'aux décideurs et aux pouvoirs publics, transmettre la connaissance de façon concrète et efficace jusqu’aux maires des communes et aux agents territoriaux. Voilà un sujet "essentiel" pour la parlementaire qui reconnait qu'"il faut qu'on se donne davantage les moyens d'être meilleur en termes de communication à la fois pour les concitoyens, mais en effet aussi pour les élus".
"Il faut absolument rendre l'économie circulaire plus visible dans la tête des décideurs: la rendre plus visible aux yeux de la commande publique, rendre plus visibles ses financements aux yeux des entreprises, rendre plus visible le retour sur investissements du choix de la circularité pour les collectivités, multiplier les Fresques... Bref, il faut qu'on se donne davantage les moyens d'être meilleurs en termes de communication", Anne-Cécile Violland à CM-CM.fr, le 4 décembre 2024.
Tous les territoires ne sont pas identiques en terme de connaissance et d’exploitation des solutions circulaires. Il y a bien, certes, des outils qui existent depuis le Grenelle de l’environnement en 2019. Circular Place qui recensent toutes les entreprises par exemple ou encore la Mission d’appui au développement des achats publics circulaires et environnementaux, la création des “guichets verts” (services gratuits de conseil environnemental), des outils, des formations et des financements délivrés par l'Agence de la Transition Écologique (ADEME) et même des fiches récapitulatives en genre prodiguées par des services d’expertise juridique auprès des acteurs publics… Mais est-ce suffisant ?
La Fresque de l’Économie circulaire, nécessaire travail de pédagogie
Au départ, il y a en effet la question de la pédagogie auprès des acteurs locaux, "j'ai tendance à conseiller un outil que je trouve absolument extraordinaire: les fresques", ajoute Anne-Cécile Violland.
"Les fresques du Climat, les fresques de l'Eau et celles qui nous intéressent particulièrement ici: les fresques de l'Économie circulaire", développe-t-elle. "Je trouve que c'est justement un outil qui permet en même temps d'apprendre et en même temps d'être assez sensibilisé, et du coup d'avoir envie de s'investir sur ces questions-là, parce qu'après avoir fait une fresque, en général, on n'est plus le même", constate l’élue Horizons.
Et quand on sait qu’encore de nombreux élus confondent encore recyclage et réemploi, deux animatrices de la Fresque de l’économie circulaire présentes au Salon des maires (sur le pôle "Économie circulaire" monté par le collectif EC 2027) et interrogées par CM-CM.fr assurent : "Il y a encore du boulot!".
Rendre plus "lisibles" les financements de l’économie circulaire
Enfin, c'est une chose de développer des politiques d'économie circulaire, mais encore faut-il encourager les entreprises à investir dedans. "Et la commande publique est très puissante pour créer ce marché", défend Anne-Cécile Violland.
Problème : les financements qui existent en termes de transition écologique et d'économie circulaire peinent encore à être visibles, malgré une progression ces dernières années.
"On n'a pas la chance tous d'avoir dans nos services des ingénieurs qui nous permettent justement de monter les dossiers de manière optimale et aller chercher chaque financement", concède la parlementaire qui appelle aux développements de davantage d’outils et de communication, ainsi qu’une plus grande simplifications des démarches pour plus de "lisibilité".
Ce, pour à la fin, rendre justice aux initiatives locales "incroyables" et aux idées "très très inspirantes" en terme de transition écologique existent sur certains territoires, estime Anne-Cécile Violland.
Catégorie : Politique
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