Eléna nous reçoit dans son appartement parisien de 45 m2, qui comprend une pièce dédiée à la fripe. Cette jeune femme de 28 ans a fait de sa passion son métier. Elle nous partage sa reconversion professionnelle et son amour pour le vintage.
Cumuler deux emplois et se consacrer à plein temps à la friperie
Avant de se consacrer pleinement à son activité de fripière, Elena a jonglé pendant 2 ans entre deux emplois : l'un dans le spectacle vivant au service des artistes, et l'autre dans la friperie.
Son rythme était intense : le bureau en semaine et les événements vintage le week-end.
« Il m'est arrivé d'avoir 2-3 semaines sans jour de pause. Rentrer chez soi le dimanche à 23h - 00h et attaquer à 9h au bureau est physiquement difficile, mais c'est aussi une passion car c'est ton entreprise. Tu consacres nécessairement ton temps différemment. »
Au début, elle ne pensait pas arrêter son travail.
« Ça m’a pris du temps de faire cette démarche. À un moment donné, j'étais frustrée de ne pas investir plus de temps et d'énergie, de ne pas aller au bout du projet et de ma passion. »
« Je travaillais en tant que chargée de production et diffusion dans le spectacle vivant. Il y a une forme d’ego qu’il faut gérer dans le secteur. Il faut se mettre en retrait. Petit à petit quand tu as ton projet à côté, ça prend le pas. Tu te dis que tu ne veux plus travailler pour les autres mais pour toi. »
Sa passion et son environnement de travail l’ont poussé à faire le choix du cœur en 2022 : la fripe. La fripe, fripière qu’est-ce que c’est ? Toutes les notions expliquées ici.
« Me consacrer 100% à mon projet dans la friperie donne du sens à ma vie. »
De l’amour du vintage et de la brocante
L'appartement d'Eléna regorge d'objets vintage en tout genre, comme un cabinet de curiosités.
« J’aime collectionner les objets. J’aime le vintage. »
Cette passionnée collectionne des objets colorés et seventies. Son univers est gourmand, festif, très candy.
Eléna est organisée et ne laisse rien au hasard. Cela se voit et se ressent aussi. Les objets qu'elle ajoute les uns après les autres forment un tableau. C'est une composition de trouvailles et de souvenirs, une invitation à l'évasion au-delà de Paris. Son Sud lui manque.
« J’aime le Sud. Je suis originaire d’Avignon. J’y ai ma famille et je voudrais y retourner. Dans quelques années sûrement. »
Le neuf au minimum et opter pour le vintage
L’univers d’Elena est vintage.
« Je ne m'interdis pas d'acheter du neuf mais je n'en ai pas beaucoup. »
Le neuf ne semble pas avoir trouvé sa place.
La friperie, l’activité qui met des paillettes dans sa vie
Elena est une fripière itinérante, c'est-à-dire qu'elle ne possède pas de boutique et se déplace au gré des événements vintage. Récemment, elle a créé son site internet où elle vend sa sélection. Derrière Lucette à Paillettes, c’est Eléna à la tête de la friperie qui chine en vide-greniers et en boutiques solidaires entre Paris et le Sud de la France à la recherche d’une sélection.
« J’achète aussi pour faire vivre l’économie solidaire. J’achète notamment dans le Sud dans une boutique où les bénéficies sont reversés à une cause qui me tient à cœur : la protection animale. »
L’univers de la friperie d’Eléna : une friperie bonbon
L’univers nous apparaît doux, coloré et pastel. Des pièces réconfortantes et une sélection qui comprend beaucoup de chemisiers et de motifs. Le style de la friperie n’en reste pas moins éclectique.
« Ici, on ne trouve que des choses que j'aime. Je choisis les pièces une par une, et ma saison préférée est le printemps-été. Je ne veux pas m’enfermer dans un seul style et souhaite proposer des styles différents. »
« J’imagine souvent la pièce que je projette d’acheter pour la friperie sur une amie. »
« Lucette c’est le prénom de ma grand-mère. C’est elle qui m’a appris à coudre, à broder. Elle était à la pointe de la mode pour aller au dancing. »
En hommage à sa grand-mère, sa friperie ne pouvait pas s’appeler autrement. Les paillettes en plus.
L’émotionnel de cette fripière organisée n’est pas en reste.
Chouchouter nos vêtements et leur valeur émotionnelle
Eléna évoque avec nous l’émotion autour du vêtement et le vêtement vintage.
« Le métier de fripier - fripière c’est pour moi prendre soin des vêtements. »
Pour elle, ce métier apporte de la valeur : la réflexion pour changer des boutons, sauver un trou, utiliser les bons produits d’entretiens, prolonger la durée de vie de la pièce.
« C’est une charge émotionnelle que l’on met dans son acte d’achat. Acheter c’est aussi une revendication. »
Pour Eléna, il a trois niveaux de charge émotionnelle à l'achat.
« 1. La charge que nous mettons en tant que professionnel.
2. Il y a aussi la charge émotionnelle de l’acheteur : trouver la pièce cherchée depuis longtemps. Par exemple le jean parfait, le jour où tu le trouves c’est une joie immense. Tu rajoutes une émotion dans ce vêtement là. Il y a une histoire qui, a mon sens, est importante.
3. Puis il y a la question émotionnelle liée à l’argent. A qui j’achète ? Une petite entreprise ou une grande entreprise. Quoi ? De la fast fashion, du vintage. »
Eléna s’est lancée également dans cette activité pour traduire les mots en acte et aider les personnes qui consomment du vintage. Pour cela, elle tient à faire des étiquettes sur lesquelles elle renseigne le maximum d’éléments possibles sur la pièce proposée.
Affichage de l’entretien sur l’étiquette pour rallonger la durée de vie des vêtements et prolonger l’expérience du neuf
« Comme ici, c’est une étiquette sur laquelle se trouvent la composition et les instructions d'entretien du vêtement. »
Cette fripière affiche la composition des vêtements lorsqu’elle la connait. L’expérience lui fait différencier au toucher du polyester et du coton, la laine de l’acrylique. Eléna indique la matière du vêtement mais également propose des conseils d’entretien adaptés.
« C’est important de bien savoir laver son vêtement. Pour continuer cette transmission de la pièce, il faut en prendre soin et le lavage est clé. »
C’est l’enjeu de durabilité qu’Eléna soulève.
Le point sur l'étiquetage des vêtements de seconde main
Pour le vendeur professionnel, l’affichage des prix des produits est obligatoire, qu’ils soient neufs ou d’occasion. A la différence des vêtement neufs, l'indication de la composition en fibres du produit textile de seconde main n'est pas obligatoire. Elle est facultative pour les vêtements et les chaussures dès lors que le vendeur indique clairement que les vêtements vendus sont d’occasion.
Dans le prolongement de la composition, les informations relatives au lavage ne sont pas obligatoires.
Ces renseignements n'en demeurent pas moins utiles pour l'acheteur final. Le travail d'Elena est donc un vrai plus et mérite d'être salué en ce que l'étiquetage de la friperie Lucette à Paillettes se rapproche de la réglementation du produit textile neuf.
Le soin apporté à l’expérience dans la friperie
Souvent, les créateurs des friperies proposent des services d’accompagnement pour les clients qui veulent commencer à acheter de la seconde main. Il peut s’agir de l’envoi d’une sélection de vêtements chinés sur la base du profil de la cliente, ou encore de séances d’essayages privées sur place. L’accent est mis sur l’expérience d’achat.
Eléna aime l’idée de renseigner mais aussi apporter un soin particulier au colis qu’elle s’apprête à expédier. A partir de vieux draps qu’elle chine, elle emballe les vêtements dans des pochons qu’elle confectionne elle-même à la machine à coudre.
Les recommandations friperies
« Ma recommandation serait le collectif que j’ai monté avec des copines : Pépites party.
On organise des boutiques éphémères, des pop-up à Paris et à Avignon. L’objectif est de mélanger tous les univers, tous les vêtements. Rentrer dans une boutique sans différencier chaque marque. »
Découvrir le collectif : pepites_party
Photos et interview par Maurane Nait Mazi