En marge de son activité principale, Camille s'est spécialisée dans l'achat et la revente de sacs de luxe. Elle achète des sacs aux enchères publiques, les fait restaurer par des artisans qualifiés et les vend sur des plateformes de seconde main.
Cette activité lui génère non seulement un revenu complémentaire, mais aussi valorise l'artisanat français et prolonge la durée de vie des objets vintage abîmés. Ce qu'elle nous dévoile en partageant astuces et bonnes adresses.
C'est à Paris, où elle a posé ses valises après avoir vécu en Chine, à Hong Kong et en Suisse, qu'elle nous accueille. Cette femme déterminée laisse peu de place au hasard et nous partage en première intention comment elle s’est perdue professionnellement et la quête de sens qu’elle a mené pour se retrouver aujourd’hui. Il y a un an et demi, Camille rompt son contrat de travail. Après 7 ans au service de grands cabinets de conseil français, elle met un terme à sa carrière dans le conseil et plus largement au salariat, pour aspirer à un autre modèle.
“ Je me suis demandé : dans quel univers je travaille ? Est-ce que j’ai vraiment envie de donner mon temps, mon énergie, ma sève vitale à ce métier, à cet employeur ?
Ce jour-là, je m’en rappelle très bien, c’était le 13 décembre 2019. Je me suis fait une promesse à moi-même : dans un an Camille tu quittes ton job. ”
Une promesse qu’elle tient.
C’est dans l’investissement immobilier qu’elle trouve la solution à son problème.
Elle achète une maison qu'elle transforme en immeuble en la divisant en 5 lots. Située à 2h de chez elle, elle la propose en location courte durée aux voyageurs de passage. Cela lui génère une rente de 1400€ nets par mois en moyenne.
“ C’est beaucoup moins que mon ancien salaire mais c’est suffisant pour assurer mes besoins (payer son loyer, manger, me payer quelques sorties). ”
Camille a trouvé un moyen d'échanger son temps autrement. Retrouver son temps pour se balader, voyager, donner des cours, tout simplement profiter.
“ Je me sens alignée aujourd’hui, je sais pourquoi je fais les choses. J’ai remis du sens dans ma vie. ”
Camille n’en demeure pas moins une entrepreneuse accomplie. En 5 mois, elle a monté, Elle investit, un programme d’accompagnement d’investissement immobilier basé sur sa propre expérience, principalement destiné aux femmes. Ce qui lui génère un complément de revenus. Au quotidien, Camille partage son expérience et sa quête de sens avec la communauté Instagram qu’elle a su se bâtir.
Le CMCM de Camille
Le ”moins” de “consomme moins” passe par les achats réfléchis de Camille.
S’affranchir du salariat pour vivre de ses premières rentes immobilières a nécessité pour elle de revoir ses priorités, de repenser son mode de vie pour répondre à ses réels besoins.
Le "mieux" se traduit par la restauration de sacs de luxe, un side business qui a du sens pour elle.
L’achat-revente de maroquinerie après restauration est une activité secondaire qui lui permet de générer un revenu supplémentaire. La restauration d'un objet rallonge sa durée de vie, contribue à prolonger son histoire et évite l'achat d'un neuf.
Découvrir la vente aux enchères publiques
Sa découverte de l’univers des enchères est fortuite. C’est en apprenant qu’un ami de son compagnon investit dans les montres vintage (il les achète aux enchères, les stocke puis les revend au moment le plus opportun selon lui), qu'elle décide de faire de même avec un produit qu’elle connait bien : le sac de marques haut de gamme.
Camille est l'exemple d'un rajeunissement du public des salles de ventes. Pour beaucoup, les ventes aux enchères évoquent une ambiance feutrée en salle, des antiquités luxueuses et des prix inaccessibles. Il n’en est rien. La plupart des ventes sont on line. Il est possible de se porter acquéreur en direct de chez soi ou de déposer un ordre d’achat sans suivre la vente en direct.
Par ailleurs, la plupart des ventes sont des ventes d’objets du quotidien. De quoi s’équiper en électroménager, de décoration bon marché, en passant par des vêtements et des accessoires de marques à des prix accessibles. Les jeunes, comme Camille, l’ont bien compris et se tournent vers les 427 salles de ventes pour y faire des affaires.
Focus sur un side business : acheter, restaurer et revendre du luxe
" J’achète des sacs aux enchères, je les fais rénover et je les remets sur le marché pour leur redonner une seconde vie. ”
Il est utile de préciser qu'elle les achète pour les revendre, et non dans une optique d’investissement. Cela signifie que Camille ne les conserve pas en attendant que leur valeur augmente et s’en sépare aussitôt la restauration réalisée.
Elle achète principalement en ligne sur la plateforme qui rassemble les principales maisons de vent, comme Interenchères ou encore sur Drout digital. Une fois l’enchère remportée au prix qu’elle s’est fixé, elle fait restaurer la pièce détériorée par des artisans de confiance.
Elle met en vente le sac, une fois restauré, sur des plateformes de seconde main comme Collector Square et Vestiaire collective. Camille s’est prise de passion pour le savoir-faire et l’artisanat français. Elle aime faire des recherches sur les sacs iconiques des grandes maisons de luxe françaises et se découvre des compétences sur le marché de l’occasion.
Cette activité lui permet non seulement de se dégager ponctuellement un complément de revenus, mais aussi de prendre plaisir à réaliser de bonnes affaires en découvrant et manipulant des pièces qu'elle ne se serait pas offertes.
“ Savoir que le sac que j’ai acheté est passé d’un placard, aux mains d'un artisan puis est porté quotidiennement me fait énormément plaisir. ”
Les recommandations d’artisans pour redonner un écrin à nos sacs malmenés
- David Collin. Camille lui a confié son premier sac à réparer.
- Parsac, à qui Camille a confié son Kelly, est un ancien artisan des ateliers Hermès.
- Atelier 23 11. Elle a d'excellents retours c'est pourquoi elle nous le recommande.
Sa stratégie d’achat
Camille est méthodique et cible en ligne les sacs avec accrocs, abîmés à plus ou moins grande échelle. L’estimation du prix est en généralement basse. L’état du sac ainsi que la teneur des restaurations rebutent bon nombre d’acquéreurs, ce qui augmente ses chances de devenir adjudicataire du lot. Elle se concentre sur les modèles classiques, valeurs sûres selon elle, des marques en vogue qu'elle connait très bien : Chanel, Hermès, Vuitton et Dior.
Camille nous précise qu'elle se fixe toujours un budget auquel elle se tient. Elle le détermine en fonction du prix de revente à date en prenant en compte le budget alloué pour la réparation qui dépend de l'état global du sac. Le prix de ses estimations de revente est toujours à la baisse pour n'avoir aucune mauvaise surprise.
Sa curiosité l’a conduit à se former seule aux règles de l’artisanat d’art. Malgré les garanties offertes par la vente aux enchères publiques, elle reste néanmoins vigilante face aux contrefaçons et s'assure de ne jamais les remettre en circulation.
La recommandation CMCM pour s’assurer de l’authenticité lorsqu'on débute
La vente aux enchères publiques permet d’acquérir de belles pièces de maroquinerie d'occasion à des prix parfois très avantageux. Elle offre également de nombreuses garanties à l’acheteur, à la différence des plateformes comme Vinted ou Ebay, comme la garantie d’authenticité du produit vendu.
Si vous êtes un acheteur novice, la plateforme Interenchères est idéale. Tournez-vous d’abord vers un lot expertisé. Il suffit de repérer la mention du nom de l’expert qui figure au sein de la description du produit renseignée par la maison de vente.
C’est une garantie supplémentaire. En cas de faux avéré, vous pouvez tenir le commissaire-priseur et l’expert solidairement responsables.
Camille enchaîne les opérations depuis un an. Son attention s’est dernièrement portée sur ce sac, sa plus belle acquisition aux enchères à ce jour selon elle : un Kelly.
Le Kelly d'Hermès : un sac iconique
Fruit de l’imagination d’un sellier et de la grâce d’une princesse, ce classique de la maroquinerie a su perdurer dans le temps et devenir, au fil des décennies, un objet de convoitise. Initialement destiné aux cavaliers, ce grand sac permettait de transporter des équipements équestres. En 1935 le sellier, Robert Dumas-Hermès revisite cette pièce, sa taille est réduite et sa coupe devient plus féminine.
C’est en 1958 qu’il devient célèbre lorsque la princesse Grace Kelly, descendant de son avion, et cherche à dissimuler sa grossesse avec son sac. Le sac fût alors renommé “Kelly”.
Le Kelly, fabriqué avec des matières luxueuses, bénéficie d’un savoir-faire unique. Sa fabrication française nécessite environ 20h de travail manuel. Son prix a bondit ces vingt dernières années. Sa côte a été multipliée par 4 entre 2006 et 2018, pour les modèles en cuir. Il faut compter 3 à 4 années aujourd’hui pour obtenir un sac Kelly neuf. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est très recherché sur le marché des sacs vintage.
L'estimation du Kelly dépend principalement des matériaux utilisés, de sa taille, de sa rareté et de sa couleur. L’état de conservation constitue également un facteur de valorisation important.
Sa dernière acquisition est un sac Kelly en cuir exotique.
Le Kelly de Camille est un sac marron en cuir de crocodile qui date probablement des années 50. Acheté 2306 euros en juillet 2022. Bien qu’il ne soit pas en très bon état (tâche d’encre sur le cuir, poignet d’origine manquante), cette pièce est recherchée pour sa rareté. Pour un sac Kelly en crocodile ou en alligator en très bon état, les estimations oscillent généralement entre 20 000 et 30 000 euros.
Hermès a refusé de restaurer cette pièce abîmée et a découragé Camille d’entreprendre toute réparation.
Mais cela n'a pas découragé Camille. À l'automne, elle décide de faire restaurer le sac en le confiant à l'artisan Parsac. Elle est ravie du travail réalisé, facturé 760 euros, par un ancien artisan des ateliers Hermès.Ajout d’une anse, nettoyage du cuir et réparation de la poche intérieure.
Une fois restauré, voilà le résultat.
Lors de notre tournage, nous avons appris que Camille avait récemment mis le sac en vente. Elle a refusé les premières propositions autour de 6.000 euros et attend de trouver l’acquéreur parfait, c’est-à-dire celui avec lequel elle aura un bon échange et qui sera susceptible de s’acquitter de cette jolie somme.
" Je projette de le vendre 7.000 euros et de réaliser une plus-value de 3.500 euros.
Je prends mon temps pour le vendre. "
Camille n’est pas à son coup d’essai. Son premier achat est un sac Chanel rouge datant des années 1970. En très bon état extérieur, la poche intérieure du sac vintage était néanmoins collée et le cuir pelé.
Après restauration, le sac lui a coûté 1000 euros. Elle l’a porté quelques semaines puis revendu 1930 euros sur Collector Square. Le bénéfice de Camille est de 930 euros. Somme qu'elle a réinvestie pour acheter à un autre sac plus onéreux par la suite.
Voici ses conseils pour se lancer
- Il faut savoir précisément ce que l'on souhaite acheter.
- Il est recommandé de vérifier l'état du sac lors de l'exposition.
- Il est essentiel de définir un budget avant d'enchérir et de s'y tenir coûte que coûte.
- Il est déconseillé de porter le sac si on n’est pas particulièrement précautionneux.
- Il est recommandé de ne confier l'objet qu’à des artisans de confiance et reconnus pour leur expertise.
- Pas de secret, il faut de la patience.
Photos et interview par Maurane Nait Mazi
Cet article ne contient aucune recommandation d’investissement. L'activité de Camille est une activité déclarée.
