Découvrez l'histoire d'Amélie qui a quitté la fast fashion pour lancer sa friperie à Reims. Passionnée par le vintage, elle partage sur le média son quotidien, de Paris à Reims, et sa reconversion dans la fripe.
Amélie est styliste et graphiste textile de formation. Après avoir vécu 10 ans à Paris, c’est à Reims qu’elle a récemment élue domicile avec sa famille. A l’Est, non loin de Paris, elle se sent bien. Reims connait des initiatives locales desquelles elle aimerait compter. Contribuer au tissu économique de la ville lui tient à cœur.
C'est dans son appartement, dans sa ville natale, la cité des sacres qu’elle a accepté de nous rencontrer et se dévoiler pour parler de la friperie et de sa transition professionnelle d'une mode jetable à une mode durable.
Après avoir travaillé dans l’industrie du textile et pris conscience au fur et mesure des impacts sociaux et environnementaux, elle aspire à donner plus de sens à son activité et vivre de sa passion. C’est à la fripe que cette professionnelle de la mode et du stylisme consacre tout son temps depuis 2 ans.
Entre Paris et Reims, je deviens fripière
Elle lance dans un premier temps Amélie friperie, un compte Instagram où elle partage avec ses abonnés son vestiaire. Puis se professionnalise pour en faire son métier à plein temps depuis 2 ans. Elle a toujours chiné, c’est une passionnée. Amélie est désormais fripière.
La fripe, c’est quoi ?
Une friperie est un commerce de détail qui vend des vêtements d'occasion, les fripes. La fripe elle, désigne la revente des vêtements et, par extension, des objets ayant déjà servi.
La profession de marchand fripier est ancienne. Les fripiers étaient très importants dans la vente de vêtements au Moyen Âge. On trouvait partout en ville la vente du vieux.
Le fripier vend des vêtements et tissus utilisés précédemment. Il assure non seulement la vente, mais doit les sourcer, les nettoyer, parfois les réparer afin de les revendre.
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L’itinérance de son activité de friperie
Amélie est une fripière itinérante c’est-à-dire qu’elle n’a pas de point de vente physique dans lequel elle vend les vêtements qu’elle chine.
Elle ne propose que des vêtements vintage, c’est-à-dire des vêtements et accessoires de mode qui datent d’une époque relativement ancienne. Exit les vêtements post 2000 chez Amélie Friperie. C’est, en ligne, sur Instagram et lors d’événements à Paris mais aussi à Reims qu’elle présente ses trouvailles.
Chiner à la pièce à Reims
Amélie achète au détail uniquement dans la région rémoise, c’est-à-dire qu’elle chine à la pièce et sélectionne chaque vêtement qu’elle achète à des particuliers ou des professionnels. A la différence de certains professionnels qui se tournent eux vers l’achat en balles. Ces lots sont souvent importés, sans que l’on puisse toujours les voir ou constater leur état avant l’achat.
Elle tient à travailler de cette manière.
“ J’aime chiner chaque vêtement un à un. Je le fais depuis toujours. Avant Amélie Friperie. Et j’aime vendre des vêtements que j’ai sélectionné. ”
Des variantes de couleurs dans son dressing vintage personnel
Son univers est vitaminé à l’image de son goût pour les couleurs. Cette amoureuse des motifs, de la couleur et de la matière nous a ouvert les portes de son dressing. Jaune, orange, vert, bleu.
“ J’aime la couleur et je crois que j’en ai toujours porté. Le total look orange au collège c’est moi. Et j’aime harmoniser mon portant pour en faire un arc-en-ciel. ”
L’on pourrait s’attendre à un dressing XXL. Mais cette professionnelle de la mode et passionnée de vintage n’accumule pas. Un portant de 50 pièces qu’elle fait tourner en fonction des saisons lui suffit. Une centaine de pièces en tout.
Du vintage : l’histoire et la qualité du produit
Amélie ne propose à la vente que des pièces vintage et son dressing en est exclusivement composé. La plupart des pièces d'Amélie ont une histoire, comme ce haut à l'imprimé vichy qui a une valeur émotionnelle particulière.
“ Ma mère était très fière de me le donner et de me raconter son histoire. C'était son premier achat avec ses sous à 17 ans. ”
Une pièce qu’elle chérit pour son histoire. Et la qualité tout aussi remarquable, sinon plus.
" C’est ce que j’aime aussi dans le vintage. C’est de la qualité ! La pièce n'a pas bougé. ”
La pièce qu’elle porte au quotidien : le pull. L’hiver est la saison qu’elle préfère, la maille y est reine.
“ J’aime la douceur, le confort, les pulls et les mailles pour leur côté cocooning. Dans ce que je chine pour revendre aussi j’ai une forte attraction pour les mailles. Les mailles travaillées à la main, quelque chose d’unique que j’aime ! ”
Allonger la vie du vêtement en le transformant
Ce cardigan Lacoste homme vintage oversize elle le porte quotidiennement.
" Il était très abîmé lorsque je l'ai acheté. C’était dommage de ne rien en faire ! Il a du potentiel. Alors pour lui donner de l’allure et le porter je l’ai croppé*, c’est-à-dire coupé sur le bas pour le raccourcir ”.
*Une technique qui donne une seconde vie à un vêtement qui n'est plus dans l’air du temps ou à un produit abimé.
Amélie propose également à la vente des chemises qu'elle a retravaillées elle-même et souhaite développer davantage cet aspect au sein de la friperie. Elle s'est aussi initiée à la broderie, une excellente manière d'ajouter une touche d'allure à un vêtement basique grâce à un petit empiècement.
La vintage family
L’appartement d’Amélie est familial, tout comme l’univers d’Amélie Friperie où elle propose des vêtements vintage pour toute la famille.
Elle chine également pour son garçon de 3 ans et demi, qui lui aussi a un petit vestiaire coloré. Du petit pull rose au cardigan bleu et vert, Amélie dans le vintage ne s’interdit rien.
“ J’ose lui faire porter toutes les couleurs. Le rose compris. Pour moi, il n’y a pas genre aux vêtements.
Elle transmet à son fils son côté créatif. Ce tableau noir conservé dans un grenier est son premier mur d’expression. Elle lui transmet aussi des jouets, ceux de son frère ou les siens. Les parents d’Amélie les ont gardés et le plaisir est immense les manipuler de nouveau.
“ Dans ma famille, on est conservateur. On garde les belles pièces. Je pense qu’il y a quelque chose lié au souvenir. ”
De la passion et du sens dans son travail
Tout chez Amélie est authentique. Sa proximité et sa transparence avec ses clients sont frappantes. Ils se retrouvent dans sa communication et sa grande disponibilité sur Instagram.
Son téléphone est son outil de travail pour proposer et vendre ses produits en ligne mais aussi pour organiser ses prochains évènements.
Elle a cœur de couper davantage mais reconnait que son métier est une passion, qu’il n’est pas évident de séparer, de trouver l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Surtout que dans l’univers de la fripe les évènements et les bonnes affaires ont lieu principalement le week-end.
C’est par passion qu’Amélie a voulu se tourner vers le vintage. Plus largement, pour donner du sens à sa vie.
Contre la fast fashion et la mode jetable à bas coût
Cette créative a apprécié son expérience en tant que designer textile, mais ne s'est pas toujours reconnue en travaillant pour des marques de fast fashion. Elle a choisi une reconversion après avoir œuvré pour une marque de grande distribution spécialisée dans les accessoires. Pour cette entreprise, elle créait des motifs destinés à être appliqués sur différents produits. Sa spécialité était le motif all-over, aussi appelé motif "papier peint", où le design textile est constitué de formes géométriques ou d'illustrations se répétant sur l'ensemble de la surface.
La Chine est le premier exportateur mondial de textile. Elle le sait.
“ J’ai voyagé en Chine et en Inde pour les développements de produits. J’ai vu (…). Mon travail ne me convenait plus de manière éthique. J’aime créer, j’aime les couleurs et les motifs, mais cela n’avait plus de sens de créer pour la grande distribution. “
Le prix que nous payons pour des vêtements neufs de fast fashion est artificiel. Il ne tient pas compte des processus à forte intensité de ressources et de la main-d’œuvre.
D'après Oxfam, les femmes représentent 60 millions de travailleurs au sein de l’industrie textile dans le monde, avec un volume horaire moyen journalier de 12 heures. Pour un t-shirt vendu 29€ en magasin, les ouvrières de la chaîne textile touchent uniquement 0,18€, soit 0,6% du prix du produit. 68% du prix est dédié aux marges de la marque et du magasin.
Sans compter que 20% de la production mondiale de coton provient de Chine, essentiellement de la province du Xinjiang peuplée d'Ouïghours, une minorité musulmane réprimée et exploitée par Pékin selon les défenseurs des droits humains.
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Le prix sur l’étiquette dans la friperie
Le vintage se raréfie et peut coûter cher. Il est accessible en boutique solidaire, pas toujours les autres boutiques. Amélie tient à proposer du vintage accessible. Des tops à 15 euros, des chemises croppées à 28€ et de belles vestes en jean à 40€.
“ Le prix est un vrai sujet. Il est pour moi un moyen de lutter contre la fast-fashion. ”
Le CMCM d'Amélie
Le “moins” de “consomme moins” d’Amélie passe par la réduction de sa consommation de vêtements.
“ Je me trouve raisonnable. Je prête attention à la fréquence à laquelle je porte les pièces. Par exemple, une pièce entre chez moi une autre doit sortir. Ce n’est pas facile mais c’est le cercle vertueux pour ne pas sur-consommer et avoir mille trucs qu’on ne porte jamais. ”
Le “mieux” passe par le vintage. Avoir les vêtements de bonnes factures, que l’on aimera toujours et qui se transmettent.
“ J’aime vendre en direct pour conseiller. Aimer oui, mais cela n’est pas dit que l’on sache comment s'approprier le vêtement. Des professionnels peuvent nous aider pour prendre le temps pour avoir les bonnes pièces dans nos vestiaires. ”
Derrière cette porte se trouve son atelier, celui qui lui sert de lieu de stockage et de lieu création pour son activité.
Les recommandations frip' d'Amélie :
- Chromatique vintage pour rester dans un univers coloré.
- Ave Frip, elle aussi est remoise.
Les trois bonnes adresses rémoises :
Son coup de coeur se porte sur le slow market de Reims, un marché local qui regroupe une soixantaine de créateurs, brocanteurs, artisans et artistes dont elle fait partie.
Où retrouver Amélie ?
Instagram : amelie.friperie
Vinted : @ameriana
Photos et interview par Maurane Nait Mazi