EXCLU CMCM — La veste iconique de Marine Tondelier qui a scellé l’union de la gauche est de seconde main.
Ce vêtement politique reconnaissable a pris une place importante depuis le début de la campagne des législatives et plus encore dans cet entre-deux tours. Le thème du réemploi est, lui, en revanche, complètement absent.
Depuis deux semaines, on la voit partout. Elle est colorée, unie, bien taillée, elle met en valeur un teint clair du Pas-de-Calais et des yeux couleur Côte d’Opale. Il s’agit bien de la veste vert Véronèse de Marine Tondelier.
CMCM s’est penché sur ce vêtement hautement politique de la cheffe des Verts. À défaut de pouvoir se pencher sur des propositions concrètes promouvant l’économie circulaire dans les territoires – thème quasiment absent des programmes des trois blocs présents au second tour de dimanche 7 juillet – nous avons trouvé dans cette veste, une représentation vive de la circularité dans les élections législatives anticipées 2024.
La veste verte de Marine Tondelier est en effet un achat de seconde main, comme l’a confié la femme politique à CMCM.
La veste verte de Marine Tondelier, seule évocation de l’économie circulaire
La secrétaire nationale des Écologistes (ancien Europe Écologie-Les Verts, EELV) est une des personnalités politiques de premier plan durant cet entre-deux-tours des élections législatives anticipées. Depuis le début de la campagne, elle se distingue par une couleur de circonstance : le vert.
Une veste symbolique et outil de communication politique
Associée traditionnellement à l’environnement, thème central de son combat politique, cette couleur symbolise également la paix et l’espoir. C’est d’ailleurs l’apaisement et l’espérance qu’a tenté d’obtenir et de susciter la native d’Hénin-Beaumont, fief de l’extrême droite, lorsque les partis de gauche ont commencé à négocier une union pour faire barrage au Rassemblement national, vainqueur des élections européennes de juin.
Trait d’union du rassemblement des gauches qui a donné lieu à la création de la coalition du Nouveau Front populaire, la tête des Verts s’est imposée, incontournable, dans ce second tour de la campagne de ces législatives anticipées. Elle est devenue une figure médiatique et politique depuis cette image d’elle en veste verte entre le chef des socialistes, Olivier Faure, le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard et le secrétaire général du Parti communiste, Fabien Roussel, scellant le soir du 10 juin l’union des gauches.
L’habit vedette qui scelle l’union des gauches
Depuis ce moment, Marine Tondelier et sa veste verte de seconde main sont devenues indissociables de cette campagne des législatives. Pour la communicante politique et d’influence, Amélie Lebreton, co-fondatrice de l’agence Coriolink interrogée par CMCM, “la campagne des élections européennes qui s’est déroulée il y a à peine quelques semaines, a surtout permis la mise en avant de Marie Toussaint, la tête de liste des Écologistes. Pour se faire une place dans le paysage médiatique (et politique) il faut savoir se démarquer. Avec cette veste, la leader des Verts est rapidement devenue très identifiée, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent”.
“L’habit est une très bonne façon d’aider. Et la couleur -associée à son programme politique écologique- renforce l’identification […] Désormais, ceux qui n’auraient pas encore retenu son nom, savent, en voyant la veste verte, que c’est la représentante des Verts qui s’exprime”.
Preuve de cette stratégie gagnante, la veste de Marine Tondelier a même un compte sur les réseaux sociaux. Un compte X (ex-Twitter) dédié qui comptabilise près de 10.000 abonnés en quelques jours.
Deux semaines après avoir scellé l’union, Marine Tondelier participe au grand oral de l’entre deux-tours, sur BFMTV, mercredi 3 juillet, aux côtés de Gabriel Attal et Jordan Bardella. Une veste verte, encore sur elle.
Une veste de seconde main
Désormais presque aussi célèbre que la femme politique qui la porte, ce vêtement de costume d’une tonalité plus joyeuse que celles auxquelles la classe politique masculine nous a habitués - n’a pas d’écologique que la couleur.
Parce que la femme politique ne tourne pas avec un vestiaire démesuré : deux vestes vertes sont en possession de la cheffe des Écologistes, dont une d’occasion. Celle en denim, portée le soir de l’annonce de l’union des gauches ou encore sur Quotidien, est de seconde main. De la marque éco-responsable Ombeline, la veste de l’union de la gauche a été achetée sur la plateforme Vinted par Marine Tondelier. L’autre a été achetée neuve (celle portée sur BFMTV le soir de la soirée spéciale du 3 juillet et régulièrement mise en plateau).
Le mercredi 31 janvier, Marine Tondelier, invitée Fil rouge de l'émission Quotidien porte une veste denim achetée d’occasion.
Le vêtement de seconde main et un quotidien engagé
À 37 ans, celle qui est conseillère municipale d’opposition face au RN à Hénin-Beaumont et conseillère régional des Hauts-de-France, a adapté son mode de vie à ses convictions.
On sait que la mère d’une petite fille de quelques mois est végétarienne. Depuis 2009, elle ne mange plus de viande. Mais n’hésite pas à commander une portion de frites en plus au déjeuner pour lui rappeler son Pas-de-Calais natal et pour compenser, comme elle s’en amuse au JDD l’été 2022.
On sait aussi qu’elle ne prend plus l’avion pour ses loisirs et déplacements personnels. "Depuis des années", affirmait-elle à BFMTV.com pendant la campagne des européennes. Dans l’exercice de sa tâche politique, l’élue essaie de limiter également au maximum ses transports aériens. "Dans le cadre de mes fonctions, la seule raison pour laquelle je serai amenée à prendre l’avion, c'est pour me déplacer dans les Outre-Mer, là où les sujets environnementaux sont invisibilisés de l'Hexagone", avait-elle également déclaré à BFMTV.com, en marge d’une polémique où elle avait été accusée de prendre l’avion pour aller visiter un arbre en Guyane.
On a également pu apercevoir Marine Tondelier à plusieurs reprises à vélo.
On sait désormais que l’élue limite les achats neufs et achète en seconde main.
“Le recyclage, l’économie circulaire et donc la seconde main se trouvent au cœur du programme défendu par les Verts. Rien d’étonnant donc à ce que Marine mette en pratique les préceptes qu’elle porte dans ses discours. Le contraire serait même déceptif” observe Amélie Lebreton.
En étant en adéquation avec son programme jusque dans ses vêtements, les effets de la stratégie de communication politique de Marine Tondelier vont plus loin. En portant une veste verte de seconde main, tout en ayant un discours d’union et de barrage au RN, la secrétaire nationale des Verts renforce sa crédibilité et donne une impression de sincérité.
Ainsi sur France Inter le 1er juillet, tandis qu’elle commence sa bataille en faveur des désistements des candidats face au RN, elle s’en prend à Bruno Le Maire et son “Ni RN ni LFI”. Au bord des larmes, celle qui a grandi en terre d’extrême droite fustige “le comportement lâche et privilégié” du ministre des Finances et de l’économie.
La sincérité de Marine Tondelier, sa cohérence et sa veste verte ont frappé les spectateurs ce jour-là. La séquence médiatique a été vue plus de 1,4 million de fois en moins de cinq jours, a été retweeté 4.000 fois et aimé 11.000 fois. Le nombre d’abonnés de la secrétaire générale des Verts a bondi d’un coup. Et les articles de presse titrant “Marine Tondelier, la révélation des législatives” se sont multipliés.
Alors que durant la campagne européenne les Écologistes ont eu du mal à se faire entendre, le parti vert a retrouvé une place aux législatives grâce à Marine Tondelier et sa veste verte - de seconde main. A travers elle, l’économie circulaire, parent-pauvre de la double campagne des européennes et des législatives, occupe enfin un tout petit bout de la scène politique et médiatique.
L’économie circulaire, grande absente de ces législatives
Cette thématique est “complètement absente” de la campagne locale actuelle, constate Pierre-Emmanuel Saint-Esprit auprès de CMCM. Son association, Économie circulaire 2027 (EC 2027) réalise pour chaque grande élection un baromètre apartisan sur la place de l’économie circulaire dans les programmes de tous les partis.
“Pendant les élections européennes, la gestion de la ressource naturelle a été abordée, en particulier par Marie Toussaint (EELV), Raphaël Glücksmann (Place Publique), Manon Aubry (LFI) et touchée du doigt par Valérie Hayer. À droite, la question du nucléaire invisibilise toutes les autres”, analyse-t-il pour nous.
Mais pour les législatives, le constat du spécialiste est implacable : côté économie circulaire, “c’est un vide sidéral. Pas une ligne dans les programmes, quel que soit le parti, à part une mention découverte avec une loupe côté Renaissance”.
Pour aller plus loin, lire l’article complet : L’économie circulaire, grande absente des législatives 2024 : Pourquoi les grands partis s’en contrefichent
Le sujet est pourtant crucial dans le développement économique d’une circonscription. Il est de plus étroitement lié aux préoccupations de pouvoir d’achat (première préoccupation des électeurs de gauche, d’Ensemble et des LR et troisième préoccupation des électeurs RN dans cette campagne selon une enquête BVA pour Ouest-France publiée au lendemain du premier-tour, lundi 1er juillet). Ainsi qu’aux questions de réindustrialisation (la situation économique du pays est la première préoccupation des électeurs d’Ensemble et des LR, selon ce même sondage).
Dans un clip de campagne publié vendredi 28 juillet sur Instagram, il y a bien la députée écologique sortante de la 3e circonscription de la Drôme, Marie Pochon, qui évoque la question du réemploi. Pendant son mandat elle a été rapporteuse pour la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire sur la proposition de loi -adoptée par le Sénat- visant à favoriser le réemploi des véhicules, au service des mobilités durables et solidaires sur les territoires. Un des engagements qu’elle met en avant face aux électeurs de sa circonscription. Rare mesure en faveur du réemploi mis en lumière dans les communications des candidats de cette campagne.
Dans son grand oral sur BFMTV, Marine Tondelier n’a d’ailleurs pas été interrogée sur les mesures écologiques que son groupe défend.
Au-delà du symbole de communication politique propre, sa veste verte, et ce qu’elle représente, met en scène le marché de la seconde main. Dans le débat politique et médiatique, le mot d’économie circulaire sera-t-il un jour bientôt prononcé ? Les voyants sont au vert.
Erratum : selon une information de la principale intéressée, CMCM a d'abord publié un article en indiquant que la veste denim de seconde main portée par Madame Tondelier le soir de l'union des gauches était de la marque Sessun. Après plus amples recherches, il s'agit en réalité d'une veste de la marque Ombeline. L'article a été modifié en conséquence.