Réconcilier la Reine des neiges, magie de Noël et convictions écologiques ? Un défi d'engagements raconté par la fondatrice du média Les petits résistants dans une tribune CMCM.
Noël, aaaah Noël ! C’est de la cannelle et des étoiles plein le sapin. C’est aussi et surtout une course aux cadeaux qui nous plonge les deux pieds dans une folie consumériste accusée d’être en dissonance avec les enjeux écologiques actuels. Quand papis et mamies sont déjà sur le coup de Noël depuis octobre, votre enfant de 3 ans vous saoule de Pat’Patrouille. Pas de bol, les uns et les autres n’ont pas vraiment l’air d’avoir intégré l’écoresponsabilité dans leur quotidien. Vous voici donc coincés entre vos convictions et la réalité des fêtes. Mais cette année c’est décidé, il n’y aura pas de (trop) gros déballages. So-bri-été, on a dit. Tour d’horizon des solutions pour revenir à l’essentiel : tout schuss vers le temps passé en famille, saupoudré de seconde main et de mieux fabriqué.
Quand la malle de jouets déborde : haro sur les cadeaux !
27% des français déclarent avoir reçu à Noël des cadeaux qu'ils n'utilisent jamais, soit 12 millions de cadeaux qui sont jugés inutiles chaque année dont un peu moins d'un million qui passeraient directement à la poubelle.
Pensées émues aux parents qui se retrouvent chargés d'un 14ème jouet d'éveil et un énième jeu de société par vraiment souhaité. Ainsi soient nourris les chiffres de la gabegie des jouets : avec plus de 110 000 tonnes de jouets jetées à la poubelle chaque année en France, on estime que près de 440 000 tonnes seraient stockées dans plus de 28 millions de foyers français. Soit. Mais comment faire quand toute la famille débarque à Noël les bras chargés de paquets pour tous les petits mignons de la maison ? Se relever les manches en amont et établir des consignes à respecter : un nombre de cadeaux limité par invité et des « no go list » pour éviter certaines typologies de cadeaux dont on ne sait déjà plus que faire.
Très chers papis, très chères mamies, non l’amour ne se mesure pas à la hauteur de la pile de cadeaux ou au budget respecté au centime près. Très chers amis, oui c’est admis de débarquer en janvier sans cadeau pour les enfants parce que non le Père Noël ne se trompe pas toujours de maison.
« Montrer l'exemple n'est pas le meilleur moyen de convaincre : c'est le seul » — Gandhi. Chiche, on montre aux enfants que le bonheur ne se trouve pas que dans la possession et la consommation ?
Quand les jouets voyagent trop : place aux jeux responsables !
Consommez moins et consommez mieux n’est pas qu’une chimère ou un délire de bobos.
Vraiment ? Alors quelles options pour un « Noël plaisir » sans s’asseoir sur nos convictions et bonnes résolutions ?
La solution de l’occasion pour prolonger l’usage des jouets
Selon Emilie Spiesser, experte à l’ADEME en consommation responsable, l’augmentation de la durée de vie des jouets serait la clé pour réduire au mieux l’impact d’un jouet sur l’environnement : « Si un jouet dure plus longtemps, on repassera moins souvent par l’étape de production des matières premières et de fabrication du jouet qui touchent le plus l’environnement. ». Logique. Ainsi, selon l’ADEME, choisir un jeu d'occasion plutôt qu'un jouet neuf peut réduire de 5 kg les émissions de CO2. Lucky you, les initiatives se multiplient pour mettre à portée de mains ou de clics, des jeux et jouets déjà usagés avec une expérience utilisateur proche du neuf. A tous les effrayés de l’occasion, plus d’excuse pour passer la seconde !
Attention toutefois à l’effet rebond et évitez de reverser du n’importe quoi dans le mieux : ce n’est pas parce que la boîte de Playmo n’a coûté que 5 euros sur Vinted qu’il est utile d’en glisser 6 autres au pied du sapin. Visualisez vos placards bourrés à craquer, et zappez vite l’idée.
Autre défi de l’occasion : bousculer les codes et les clichés car tout le monde n’est pas encore à la pointe du sujet. Il faudra donc déployer des trésors de pédagogie pour convaincre. Pour ses propres enfants, il est facile d’assumer. Pour ceux des autres, il faut y aller sur la pointe des pieds. En fonction de son audience, c’est risqué de passer soit pour le radin de service soit pour le super héros engagé. Courage. On est avec vous. À la force du temps passé, vous finirez par avoir la plus chouette des casquettes c’est certain.
La solution du Made in France pour soutenir les marques engagées
Dans un contexte inflationniste global, les marques dites « responsables » qui font le choix de fabriquer au plus près sont celles qui trinquent en premières, boudées par des consommateurs qui jugent les tarifs trop élevés. Compliqué de se défaire de nos mauvaises habitudes consuméristes quand nous avons été éduqués sur la question par le seul prisme du prix ! Selon l’ADEME, chaque année plus de 150 000 tonnes de jouets sont mises sur le marché en France, dont 90% sont importées, majoritairement d’Asie, avec au passage un coût environnemental certain (pollution générée par la production des matières premières, fabrication, emballage et transport).
Soutenir les marques qui font le choix de produire au plus près est un acte de consommation fort. Et si l’offre du Made in France ne vous permettra peut-être pas d’accéder à tous les desiderata de vos enfants (faites signe si vous trouvez une Reine des Neiges écoresponsable), vous ferez assurément quelques bonnes pioches parmi ces jeux et jouets de qualité. Ah. Un dernier conseil pour la route. Sur le chemin de l’engagement attention où vous mettez les pieds pour ne pas tomber dans les pièges du greenwashing !
« À chaque fois que vous dépensez votre argent, vous votez pour le monde que vous voulez. » — Anna Lappe
Très chers parents, cette année à Noël, je vous souhaite d’assumer haut et fort vos convictions. Quitte à passer pour le rabat-joie de service, le super écolo relou ou le donneur de leçons, si vous ne rêvez pas d’un cadeau Amazon, dites-le. Si vous ne voulez pas d’une Barbie neuve sous blister pour votre enfant, assumez-le. De quoi pimenter vos dîners de Noël en somme ! Et si vous avez l’impression que tout ceci est vain, « si vous avez l’impression d’être trop petit pour changer les choses, essayez donc de dormir avec un moustique. Vous verrez lequel des deux empêche l’autre de dormir. » — Le Dalaï Lama, rien que ça.
Je vous laisse méditer le sujet. Votre menu de Noël aussi.
Jeanne Rault
Jeanne Rault est la fondatrice de la newsletter qui parle (dé)consommation aux parents engagés.